Transmettre des valeurs

Quelques échos des discussions du 8 mai 2008

Transmettre des valeurs ?

La question des valeurs est cruciale si on veut garantir la pleine utilisation du potentiel des MITIC.

La plupart des questions véritables aujourd'hui relèvent d'ailleurs de l'éthique. Il est des situations sociales qui suscitent des interrogations éthiques. Par exemple, l'accès universel à l'information, techniquement acquis, reste lettre morte si l'on songe que les gens qui ont moins d'argent sont souvent très bien équipés du point de vue technique, mais n'utilisent ces équipements que pour se divertir. 

Qu'en est-il du rapport au pouvoir et du rapport au savoir? Les règles du jeu ne sont pas les mêmes pour tous. Sans une réflexion éthique, il est difficile, pour un enseignant, de savoir comment se situer. 

Le concept de noosphère est une illusion tant que ne seront pas effectifs l'accès à l'information et au partage des connaissances. Les équipements ne créent pas à eux seuls l'intelligence collective. De plus, le partage des ressources entre en collision avec la concurrence, la compétition et la sélection. 

Quelles valeurs ?

Quelles valeurs devons-nous transmettre ? Celles du plan d'études ? Un enseignant a-t-il le droit d'avoir d'autres valeurs que ses collègues ? 

Le plagiat chez les étudiants et les élèves montre la nécessité d'une éthique. Internet a créé une situation sans précédent: il est bien plus facile de jouer du copier/coller que d'aller chercher des sources dans les bibliothèques et de les recopier ensuite à la main. Si le plagiat est devenu banal, c'est faute de conscience qu'il y a là un enjeu éthique.

L'accès à l'information ne signifie pas qu'on y accède effectivement: il faut donner des outils aux élèves pour qu'ils sachent tirer parti des ressources sans se faire piéger. C'est quand on a une bonne formation qu'on sait utiliser la meilleure part du web.

Situation possible: un prof se fait agresser dans la rue, l'agression est filmée et portée sur You Tube. Tout le monde se scandalise, mais qui a indiqué aux jeunes quelles sont les règles du bon usage? qui leur a apporté les outils d'analyse et de compréhension nécessaires, qui leur a signalé les questions des droits, des devoirs et d'éthique? Il y a un grand travail à faire dans ce domaine aujourd'hui.

Outiller les élèves

Il faut outiller les élèves pour les aider à lire les images, les films, la pub, les séries TV et les émissions de téléréalité, comme il faut les outiller sur la question du plagiat et du téléchargement. Inévitablement, on bute sur les questions classiques : qui doit faire ce travail? avec quelle formation? comment s'y prendre au secondaire 1? selon quelles valeurs communes? et qui définit ces valeurs ?

On a le sentiment qu'il y a là une responsabilité citoyenne et que chacun devrait s'y mettre, avec les moyens que chacun développe pour son propre compte. Attendre que les questions ci-dessus aient toutes reçu une réponse est peut-être une excuse commode pour ne rien faire. 

Conclusions 

  • C'est une illusion collective que de croire que l'accès aux médias et à internet va du coup favoriser le partage des ressources et le désir d'apprendre tout au long de la vie
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  • Il faut entrer en résistance et outiller les élèves pour les aider à décoder les messages médiatiques par lesquels ils se font manipuler; il est essentiel qu'ils acquièrent un minimum d'esprit critique, et la Déclaration de la CIIP souligne que l'école a non seulement une tâche d'instruction, mais aussi d'éducation.
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  • Il faut enfin transmettre des valeurs, au minimum celles qui sont affirmées dans la législation scolaire et dans la Déclaration de la CIIP, qui servira de préambule au futur plan d'études romand, qui donnera lui-même une place à la dimension éducative de l'école.